Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/97

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– Mais non, ma petite Maman.

Que craignez-vous, suis-je pas votre frère  ?
Est-ce pour vous qu’on fit un ordre si sévère  ?

– Cela n’empêche pas que je crois que, si je l’avais réveillé, je ne sais pas si mon Loup m’aurait si béatement tendu son sceptre d’or.

– Écoute, je voulais te demander un conseil. Assieds-toi.

– Attends que je trouve le fauteuil  ; je te dirai qu’il ne fait pas très clair chez toi. Est-ce que je peux dire à Félicie d’apporter l’électricité  ?

– Non, non, je ne pourrai plus m’endormir.

Maman en riant  :

– C’est toujours du Molière.

Défendez, chère Alcmène, aux flambeaux d’approcher.

– Bien, voilà. Voilà ce que je voulais te dire. Je voudrais te soumettre une idée d’article que j’ai.

– Mais tu sais que ta Maman ne peut pas te donner de conseils dans ces choses-là. Je n’ai pas étudié comme toi dans le grand Cyre.

– Enfin, écoute-moi. Le sujet serait  : contre la méthode de Sainte-Beuve.

– Comment, je croyais que c’était si bien  ! Dans l’article de Bourget que tu m’as fait lire,