été dictées par son imagination, furent redites, mais sans succès. Mme Verdurin attendit Odette sans la voir venir, jusqu’à ce que des événements qu’on verra plus loin amenassent pour de tout autres raisons ce que n’avait pu l’ambassade pourtant zélée des lâcheurs. Tant il est peu de réussites faciles, et d’échecs définitifs.
Les choses étaient tellement les mêmes, tout en paraissant différentes, qu’on retrouvait tout naturellement les mots d’autrefois : « bien pensants, mal pensants ». Et de même que les anciens communards avaient été antirévisionnistes, les plus grands dreyfusards voulaient faire fusiller tout le monde et avaient l’appui des généraux, comme ceux-ci au temps de l’affaire avaient été contre Galliffet. À ces réunions, Mme Verdurin invitait quelques dames un peu récentes, connues par les œuvres et qui les premières fois venaient avec des toilettes éclatantes, de grands colliers de perles qu’Odette, qui en avait un aussi beau, de l’exhibition duquel elle-même avait abusé, regardait, maintenant qu’elle était en « tenue de guerre » à l’imitation des dames du faubourg, avec sévérité. Mais les femmes savent s’adapter. Au bout de trois ou quatre fois elles se rendaient compte que les toilettes qu’elles avaient crues chic étaient précisément proscrites par les personnes qui l’étaient, elles mettaient de côté leurs robes d’or et se résignaient à la simplicité.
Mme Verdurin disait : « C’est désolant, je vais téléphoner à Bontemps de faire le nécessaire pour demain, on a encore « caviardé » toute la fin de l’article de Norpois et simplement parce qu’il laissait entendre qu’on avait « limogé » Percin. » Car la bêtise courante faisait que chacun tirait sa gloire d’user des expressions courantes, et croyait montrer qu’elle était ainsi à la mode comme faisait une bourgeoise en disant, quand on parlait de M. de Bréauté ou de Charlus : « Qui ? Bebel de Bréauté, Mémé de Charlus ? » Les duchesses