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I

Cinq heures du matin !… Le quartier dort encore, sommeil puissant, pesant, où l’on sent comme une force obscure qui s’élabore… Dans la chambrée encore noyée d’ombre, la voix rauque du vieux brigadier retentit :

— Eh bien, Vincent, voulez-vous vous presser d’aller au jus !

Il dit même « vous grouiller ». Vincent ouvre un œil, se décide, bondit de son lit, enfile son pantalon, et va prendre la cruche, tandis que les anciens grognent, à demi réveillés. Il descend l’escalier en titubant. Il fait presque nuit. Une lueur tremblotante éclaire un moment les marches qui semblent danser dans le froid nocturne.

Dans un petit local — bâtiment R — est installé le « percolateur », le réservoir de cuivre où se fait le café du régiment. Là, Maurice voit d’autres hommes qui attendent, lourds encore de la nuit, la cruche à la main, tandis que les