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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/183

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prétentions des doctrines de science. Tant mieux, si c’est une folie que ces prières. Je suis ainsi, de les préférer.

M. Vincent, devant cette grandeur paisible, restait muet. Muet et accablé, car il ne croyait pas que le mal fût si profond, qu’il y eût tant de distance entre ses quarante ans et les vingt ans de son fils. Désarroi touchant qui faisait pitié plutôt qu’il n’irritait. Il regardait son fils avec cet horrible désespoir de ne l’avoir pas fait à son image. Et ici, l’on comprend qu’il était un brave homme, un excellent père de famille, comme tous les pères de famille du monde. On comprend ce retour à l’humanité, l’on commence à se retrouver, et l’on est tout prêt à admirer que cette grande discussion, qui touchait de si près la vie intime de ces deux hommes, qui intéressait jusqu’aux fibres les plus lointaines de leur cœur, se soit tenue si longtemps dans les hauteurs et les nobles généralités.

C’est là, en France, un fait assez commun, et nul trait n’est plus à l’honneur de notre race.

Pourtant, c’était une pensée plus terrestre qui agitait M. Vincent, quand, se promenant de long en large dans la chambre, il évoqua ses