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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/196

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pas la Gloire qui, il y a longtemps, vola vers lui ? N’est-ce pas bien elle, la sœur de l’amour, qui hante le repos de ses nuits et qui l’a pris ? Mais tout de même, il avait peur que sa voix sonnât faux et il regrettait que les élans d’une tendresse importune fussent venus gâter un soir qui s’annonçait si bien. En réalité, il avait fait blanc de son épée, mais il savait bien qu’il est des heures où les systèmes les mieux établis se dissocient, où mille facteurs interviennent qu’on avait négligés : une brise d’été, une langueur amoureuse, une oppression faite de désir et de regret. Il ne se trouvait plus très assuré quand il voyait devant lui cette jolie fille et qu’un crépuscule délicat se faisait encore complice de son émoi. Quand il la voyait abandonnée à sa tristesse et qu’il comprenait son geste de résignation, de lassitude, alors une pitié désespérée montait en lui.

Elle s’était couchée sur l’herbe un peu grasse, toute imprégnée d’odeurs fanées. Maurice s’approcha d’elle et voulut parler. Elle sentait le plein air, la santé. Il aspira ce frais parfum et ne dit rien. Il lui sembla seulement Qu’elle penchait vers lui ses lèvres entr’ouvertes et qui tremblaient d’amour. Mais il n’avait