Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/199

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entraîne tout d’un grand coup d’aile. Et l’amour est peu de chose en face d’elle… Tu ne peux pas savoir !… Il y a la fièvre de l’action, il y a le goût du travail et le plaisir, et il y a l’inconscient qui travaille en nous et nous parle à voix basse, il y a tout cela dans la vie. Et il y a des choses plus simples, plus immédiates. Il y a le métier. Tu ne peux pas savoir ce que c’est qu’un métier, Les romans n’en parlent pas. Mais cela existe. On grogne, on se plaint, on se dit : « Sacré métier ! métier de malheur ! » C’est ça, le métier. Et ça prend toute la tête et tout le cœur, et l’asservissement est plus fort que sous l’amour. Le bon travail, le métier de tous les jours, la tâche, le fardeau quotidien, ça en tient une place sous le soleil, ma pauvre enfant ! Hélas ! mon métier à moi a peur d’une trop mièvre romance ! Est-ce ma faute, et pourrai-je jamais être autre chose qu’un soldat, même auprès de tes lèvres rouges, ô ma fiancée ?

Voilà ce qu’aurait dit Maurice Vincent. Mais il n’aimait pas chercher des raisons, et il faut avouer qu’auprès de Claire il avait mieux à faire… Pourtant les deux jeunes gens arrivaient à la porte de la maison Monestier et Maurice, devant le prochain adieu, se sentait tout