Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

désemparé. Une seule idée le préoccupait. C’était de bien finir cette belle journée ensoleillée. Il craignait qu’ils ne se fussent pas compris :

— Vous ne m’en voulez pas, demanda-t-il, ma chère Clairette ? Dites-moi que vous êtes toujours mon amie. Ne m’abandonnez pas, vous aussi.

La jeune fille sourit et tendit franchement sa main à Maurice :

— Vous êtes mon cher fiancé, ne le savez-vous pas ?

Et ils s’embrassèrent enfantinement, un peu comme un frère et une sœur. La voix de Claire, quand elle avait dit : « Vous êtes mon cher fiancé », en disait plus que ce baiser, mais Maurice ne comprenait pas que, depuis tout à l’heure, Claire savait mieux l’aimer, que la douleur, mieux que la joie, pouvait projeter quelques lueurs dans les sombres galeries de son cœur.

Quand Claire fut rentrée dans la maison paternelle, Maurice resta un moment cloué dans l’ombre. Il vit une lumière qui passait. Alors il s’enfonça dans la nuit et traversa la cité dormeuse d’un pas alerte. Derrière le pont du canal qui fait le tour de la petite ville, il y a une longue allée de peupliers qui mène