Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/20

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l’orgueil. Quelques-uns le lui reprochèrent, non sans dureté, et c’étaient précisément ceux qui, moins que tous, en avaient le droit, car ils portaient la responsabilité d’un état d’esprit qui avait failli conduire la France à sa perte.

D’autres auraient pu se plaindre d’être englobés injustement dans l’anathème général porté contre les pères et les maîtres. Catholiques, depuis 1871, nous n’avions jamais, pas même une heure, laissé fléchir en nous l’idéal patriotique — pas plus que l’idéal religieux : nous avions toujours estimé qu’une défaite demeure et ne s’efface pas tant qu’elle n’a pas été effectivement réparée ; tous nos éducateurs, tous nos professeurs, tous nos prêtres, à l’exception de quelques malheureux modernistes un instant entraînés dans la crise intellectuelle qui emportait à fond l’autre jeunesse, avaient imperturbablement suivi la ligne droite, pour bien servir la France au moment du danger, nos disciples n’avaient besoin de renier ni leurs maîtres, ni leurs principes.

Mais, depuis Jésus-Christ, les catholiques n’oublient pas « qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence ». Les convertis leur sont chers ; ils les accueillent à bras ouverts.