Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/48

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nodosités, et où toute la sève se précipite vers le ciel, jaillit, verticale, de la terre vers le zénith. Voilà la seule beauté qui lui convenait. D’ailleurs, comme les sacrements que recevaient nos pères sont les sacrements que nous recevons aujourd’hui, comme leur communion est restée notre communion et leurs prières nos prières, ainsi les rites des soldats sont restés les mêmes, et c’est toujours de la même façon qu’un chevalier doit gagner ses éperons. Ainsi il apercevait deux ordres immuables que rien ne saurait atteindre, pas même les défections intérieures. Double continuité dont l’une n’est peut-être pas moins remarquable que l’autre. Mais elles vont ensemble, elles sont conjuguées.

— L’armée et l’Église ne transigent pas, disait Nangès ; c’est notre force et c’est sa force. Nous avons la même gloire et la même force. Nous sommes d’un métal pur.

Nangès ne marchait guère dans les sentiers de la grâce. Mais il aimait ce qui résonne clair, et la cloche cristalline d’une église de campagne comme l’appel brutal de la trompette. Beaucoup de soldats sont ainsi, plus habitués à regarder le ciel que la terre…