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III

Maurice Vincent s’ennuyait à Voulangis. Nous entendons par là qu’il s’ennuyait non d’ennui, de désœuvrement, mais de peines intérieures, d’un mal confus et indistinct.

Ce jeune homme aux yeux bleus cernés de noir joignait aux tumultes de la vingtième année la simplicité du cœur qui le sauvegardait des jeux mortels de l’intelligence. C’est ainsi qu’après avoir entrevu ce que c’était que la culture de l’esprit, après avoir lu pas mal de livres qu’il avait eu le bonheur de choisir assez bien, il restait un rural, et que le nom d’intellectuel lui eût convenu aussi mal que possible. Exemple rare, sort digne d’envie, mais aussi tout ensemble de commisération. Car Maurice n’entrevoyait pas très bien sa place dans la société moderne.

Ce qu’il savait le mieux, et ce que nul ne savait comme lui, c’était ce grand déroulement de l’Île-de-France, parfois décharnée, toujours cendrée de lumière pure. Par exemple, à Vou-