Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/65

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C’est une dure insulte, dans la langue française des campagnes, que ce mot de « fier » !

Il est vrai que Maurice n’était plus le même. Mais l’amour n’avait jamais suffi à occuper ce cœur passionné et à en satisfaire toute la richesse. Depuis quelque temps, il est vrai, moins encore qu’avant. Très généralement, les élans d’un cœur amoureux suffisent à contenter le besoin d’expansion en même temps que de poésie d’un jeune homme. Mais telle était à vivre l’ardeur de Maurice Vincent que les fièvres de l’amour lui semblaient fades et factices, trop simples aussi devant tant de mystères qui l’appelaient. Qui sait s’il n’entrevoyait pas quelque chose de plus durable que l’amour et que — après tout — lorsque l’amour s’est enfui, l’on vit encore ?

On ne pourrait dire les mille tressaillements de cette âme choisie. Parfois peut-être espérait-il non la gloire, mais cette sorte de glorification solitaire et secrète qui suit une belle action ; non la gloire accordée par le monde, mais la gloire que l’on s’octroie soi-même, et qui est une sorte de contentement, mais plus, de contentement sous l’aspect de l’éternité. Peut-être, enfant naïf, pensait-il parfois à la gloire,