Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/64

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sa maison, il entendit des voix enfantines qui épelaient l’alphabet toutes en chœur. L’air était léger, silencieux. La mélopée occupait tout le silence, et aussi de temps en temps, un coup de règle que le maître donnait sur sa chaire pour reprendre une faute. Les voix étaient si pures, si cristallines, — et d’autant plus que le jeune homme ne voyait rien et qu’on eût dit un concert aérien, — il lui sembla si bien qu’il pénétrait à ce moment l’intimité d’un village de chez lui, que c’était là une scène intime, journalière, de la collectivité villageoise, — qu’il eut la certitude d’une impression ineffaçable.

Quelques instants après, comme son cœur débordait, il voulut courir près de la jeune fille qu’il aimait. Il avait eu pour Claire Monestier un désir violent à certaines heures. Il ne souhaitait rien tant que le jour où un tendre lien l’unirait à cet être charmant et l’assurerait du bonheur à tout jamais.

Ils se disputèrent sur une robe qu’il voulait qu’elle mît.

— Depuis que vous chassez avec des capitaines, lui dit-elle, vous voilà devenu bien fier et bien exigeant !