Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/76

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ments de guerre où les trompettes se répondent, entremêlées çà et là d’appels aigus de clairon, ces bâtiments, numérotés, selon l’habitude du Génie, — mais qui gardent tout de même l’empreinte du temps où le Génie ne numérotait pas encore, — cette activité ordonnée et qui règne partout, cette ruche : ici les artilleurs, là les cuirassiers, là encore les sectionnaires fragiles et aristocratiques, les tringlots, — l’arme où tout soldat a désiré d’aller, une fois dans sa vie, celle qui évoque le mieux les grandes opérations de guerre, les trains, les convois, les approvisionnements des armées, les services de l’arrière… Le plus prodigieux rappel de la guerre que celui des tringlots, en manœuvres, par exemple, leurs lourdes voitures qui traîneront sur les routes couvertes de boue, avec un pêle-mêle fantastique de blessés, de caisses à bagages, d’ambulances, de vivres, de fours de campagne, de voitures postales, tous les services des armées, toute la grande machine, la grande ordonnance, l’immense organisation appelée d’un seul mot : l’arrière… Là encore, des fantassins ; à toutes les portes, à toutes les grilles, numérotées naturellement, des sentinelles, baïonnette au