Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/83

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la Savoie et Nice… Ce n’est pas en cinquante ans que change le génie d’une race. Ce n’est pas même en cent ans, — ce n’est en aucune durée humaine que peut changer ce qu’il y a de divin dans une race. Cette part-là ne meurt point.

Tels étaient les discours du vieux Servat. En voilà un qui parlait selon son cœur, et il fallait que la raison suivît ; pour qui la critique, l’appareil doctrinal, la méthode, étaient peu de chose, amusement de savant, passe-temps de faux savant. D’une vue totale, il voyait la longue suite des âges ; et il allait, par un même travail, par une même synthèse, jusqu’aux assises ; il allait jusqu’à ce qu’il y a d’impérissable dans les testaments du passé.

Nangès, lui, se contentait d’interroger le présent et de méditer ses enseignements. Il donna à Servat comme un document utile, comme une fiche précieuse, les réponses du brigadier des batteries à cheval à son capitaine.

— Ces paroles-là, lui dit-il, sont des points de repère qui nous permettent de nous retrouver sur notre route.

Et tout naturellement aussi il lui parla de Maurice Vincent et du goût que ce jeune homme marquait pour un état d’où tout sem-