Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/82

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tout à fait solitaires ; non pas, ils subissaient cette légère excitation de la foule, cette fraternité, mais où tout de même chacun reste soi-même.

— Pourtant, derrière les partis, dit Servat, derrière les individus, derrière nos philosophes, regardez, mon cher Nangès, la France immuable, la France joyeuse et brave et hardie… La France ! la fille aînée de la Gloire ! (De l’Église aussi, c’est encore vrai.) Oui, la fille aînée, ou aimée de la Gloire ! Toujours guerrière et aventureuse… (Comme Timothée pensait, à cette heure-là, à son brigadier de l’École militaire !…) Toujours prête à se lancer dans une généreuse aventure, mais non ! même pas forcément généreuse, dans une aventure, même dans la pire des folies, s’il est de la gloire à glaner. Mais regardez, mon cher ami, regardez un régiment défiler dans Paris, regardez encore l’arrivée dans notre bonne ville d’un roi d’Araucanie quelconque. Regardez la foule, si vous savez la voir. Et dites-moi si le génie de la race n’est pas immuable… Même pas cinquante ans depuis la campagne d’Italie, qui fut populaire, notez-le, et point parce que nous y gagnions