Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/112

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Non, il ne l’a pas, cette immortelle inquiétude du cœur qui sait s’entendre. Mais au contraire, le jeu de sa pensée est si paisible, si semblable à ces grands fleuves qu’il a oubliés, sa rêverie s’écoule si puissamment qu’il ne lui souvient pas d’avoir ressenti depuis longtemps une telle félicité. Et en effet, pendant son séjour à Ksar el Barka, n’a-t-il pas fait à Dieu de larges concessions, n’a-t-il pas été à la limite de ce que l’on peut accorder ? En toute justice, il faut bien que tant de condescendance lui procure quelques satisfactions. Les Maures lui ont fait comprendre combien il était pur et salubre, cet air chrétien que l’on respire en France, dans cette France qu’il avait maudite au moment même qu’il la quittait, à tout jamais peut-être. Ils lui ont fait entrevoir la France cachée qu’il a méconnue, et ils ont mis la filiale action de grâce sur ses lèvres, au lieu de l’infâme reniement. Il