Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/156

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de poussière, le front brûlant ! » Brusquement, mais sans l’ombre de fièvre, il les renvoya et commanda à la plus jeune de rester auprès de lui. Il semblait qu’il se conformât simplement à un usage des vainqueurs. Nulle flamme ne dévorait son cœur. Elle, presque une enfant, attendait, résignée, les caprices du chef. D’un mouvement charmant, elle ramena son grand voile bleu par-devant son visage. Alors Maxence, devant cette forme immobile, devant cette chose à lui, fut pris d’une immense pitié. Un moment, il songea à la renvoyer, honteux devant ce pauvre butin. Mais déjà son âme n’était plus à lui. Le jeune Français se leva, et, frémissant dans la douce chaleur du matin, il emporta sa proie à travers l’ombre bleue des palmiers et les bruissements du jour victorieux.

Un sombre délire l’avait saisi. Trois jours durant, il fut l’esclave de cette