Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/24

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que, une route ambiguë, et rien ne l’en avertissait, si ce n’est ce battement précipité du cœur, cette inquiétude… » Vous posez le livre, et, si vous êtes de ceux qui ont eu leurs vingt ans il y a trente ans, vous vous rappelez comment pensait et sentait votre génération. Elle oscillait entre l’intellectualisme à outrance et l’arrivisme. On était scientiste et moniste, donc nihiliste, ou bien brutalement ambitieux d’après Rastignac et Julien Sorel. Quel chemin parcouru en un quart de siècle, et de quels retours la pensée d’une race demeure capable ! Comme ces reprises de sève déconcertent les inductions les mieux appuyées, les prophéties les plus justifiées ! Soyons très prudents à ranger parmi les puissances du passé les idées et les émotions dont nos pères ont vécu. Leur vertu est-elle épuisée ? Nous ne le saurons jamais.