Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/73

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étaient un peu de vie dans le total accablement, — un faible battement d’ailes dans l’éther.

Après la chaleur du jour, le frais crépuscule mettait en Maxence une sorte de légèreté, et comme l’exultation de l’esprit bondissant dans l’espace. Plus grand encore que durant le jour, cet espace s’ouvrait alors en abîme au-dessus du petit cercle de la terre. Et lui, l’homme lourd de pensée, au centre de ce cercle, il s’abîmait dans le rêve aigu, vraiment oublieux de ses misères particulières et emporté dans le mouvement immense de l’orbe plongeant lui-même dans l’ombre.


Telle est la figure que fait Maxence dans ce désert. Il s’allège de tout un passé de querelles, mais il ne trouve devant lui qu’une forme vide. C’est un visage glacé, le masque de la mort, que lui présente l’Afrique. Tout le sensible