prétendent que l’allopathe n’obtient la guérison, que par suite d’un effet homœopathique. Mais les choses sont loin d’être aussi simples, et les arguments dont ils se servent pour baser leurs hypothèses sont tout à fait inverses aux faits positifs. En effet, que se passe-t-il quand on cautérise la surface d’un tissu ulcéré ? Par ce moyen on produit un effet tout à fait opposé à celui de la cause déterminante ; on détruit le tissu dans lequel réside la condition inconnue de l’ulcération progressive, et une fois cette condition disparue, l’inflammation phagédenique fait place au travail cicatrisant. Le caustique n’agit donc pas dans le même sens que la cause morbide, non : il la contrarie, car pour agir dans le même sens de cette cause, il devrait y avoir une action ulcérative s’ajoutant à l’action ulcérative existante. Nous en dirons autant de l’action des topiques irritants, ils transforment une inflammation spécifique qui tend à détruire en surface on en profondeur, en une inflammation thérapeutique à marche réparatrice.
Les choses paraissent semblables en apparence, mais au fond elles sont tout à fait dissemblables. Et la preuve que deux causes de même nature doivent aggraver la maladie qu’elles déterminent est facile à constater : Qu’on produise sur la peau une inflammation au moyen d’une application d’eau bouillante ; qu’on dépose ensuite sur cette partie enflammée une couche d’onguent vésicatoire, et on verra comme conséquence que la lésion prendra de plus grandes dimensions et que la cicatrisation sera bien plus longue. Donc l’axiome des homœopathes Similia similibus, ne saurait être invoqué pour donner l’interprétation des phénomènes de la médication.
Hahnemann est-il plus dans le vrai dans son assertion sur la pharmacothérapie ? Certes non ; et avouons que le médecin allemand entre ici dans la fantaisie pure ; il ne sait point s’assujétir aux contraintes de l’observateur, et laisse divaguer son imagination dans une liberté qui dépasse toutes les limites qu’avaient pu atteindre les philosophes rêveurs.