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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/170

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PHYLLIS

rington a été repris de son violent amour pour son ex-fiancée, il continue à la voir chaque jour, et il doit consulter des hommes de loi pour savoir de quelle façon, et la plus expéditive, il pourra se débarrasser de ses chaînes : c’est-à-dire divorcer ?

Sir Francis m’écoutait parler avec satisfaction ; il dit après une minute, en voilant l’éclat de ses prunelles :

— Je ne sais si vous avez raison sur le premier point, car votre… mari ne m’a point fait le confident de ses sentiments les plus intimes, bien que je sois l’un de ses plus anciens amis… mais sur les deux dernières questions je me permets de vous dire que vous vous méprenez complètement.

« Mark n’a pas mis les pieds hors de Strangemore depuis le jour où vous en êtes partie, et aucun homme de loi n’est allé le trouver. Non… je crois que… il attendra que ce soit vous qui fassiez les premiers pas.

Il dit cette dernière phrase en accentuant chaque mot et, ayant relevé mes paupières, je rencontrai son regard aigu, prêt à saisir ma première impression.

Intriguée, j’élevai les sourcils en demandant :

— Les premiers pas, dans quelle voie ?

— Mais… ne comprenez-vous pas ?… Dans la voie du divorce.

— Est-ce cela qu’il vous a chargé de me dire ? m’écriai-je en me levant !… Jamais je n’y consentirai !

L’effort avait brisé mes nerfs, je retombai sur mon siège en pleurant, la tête entre mes mains.

Francis Garlyle rapprocha sa chaise de la mienne et, d’une voix basse et adoucie à dessein :

— Pauvre petite femme, pourquoi vous mettre en cet état ! La violence n’a jamais servi de rien, croyez-moi ! Voyons, tachons de réfléchir un peu ? Çue demande-t-il, ce pauvre Mark ? Que vous lui laissiez la liberté de… de…

— D’épouser cette femme éhontée !

— Oh ! quel mot ! petite madame. Miss Dilkes n’est pas une créature éhontée ; elle appartient à une excellente famille de New-York, elle sera pourvue d’une dot considérable et…

— Elle ferait très bien votre affaire, à vous, sir Francis, lui dis-je en essuyant mes larmes, je vous ai entendu dire une fois que vous voudriez épouser une femme riche pour réparer les brèches que le jeu a faites à votre fortune.

« Si je l’appelle créature éhontée, c’est parce que, la façon dont elle a agi en venant jusqu’ici arracher un mari à sa femme, est une chose honteuse.

— La femme y tenait-elle beaucoup ? me dit-il