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PHYLLIS

Pendant un temps assez long, les libellules, les papillons et les fauvettes s’en donnèrent à cœur joie autour de nous ; nous ne parlions plus : je crois que les grands bonheurs comme les grandes douleurs sont muets.

Une immense joie, une quiétude parfaite nous avaient complètement envahis l’un et l’autre. Des paroles eussent été insuffisantes pour exprimer tout cela.

— Rentrons, lui dis-je enfin, ils seront si heureux là-bas.

Nous commençâmes à marcher lentement sous les arbres. Il me tenait serrée dans son bras comme s’il eût été décidé à ne plus me lacher.

Au moment de quitter l’allée des noisetiers, nous nous retournâmes d’un commun accord.

Il me dit à voix basse, bien que nous fussions seuls :

— Il faudra revenir ici de temps en temps et si jamais nous sentions notre amour en danger…

— Alors, ce sera jamais, lui dis-je en riant ; nous aurons assez de confiance désormais pour tout nous dire.

— Je ferai élever un petit kiosque à cet endroit en souvenir, dit-il d’un air rêveur. J’ai trouvé mon bonheur, un jour, sous un noisetier, et je l’y ai retrouvé aujourd’hui alors que je désespérais… Phyllis, plus tard, nous y conduirons nos enfants.

Je me tus. Mais j’appuyai ma joue rougissante sur son cœur et le baiser que je lui donnai fut la meilleure réponse.


FIN