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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/44

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PHYLLIS

proposition. S’il ne voulait pas de Dora et se trompait d’adresse, ce n’était pas une raison pour qu’elle perdit son gendre.

— Tu es folle ! Laissons les choses comme elles sont. En somme, c’est un bon parti et, même si tu lui rends sa liberté. Dora n’en sera pas plus avancée. Mais, grand Dieu ! combien je regrette que les choses aient tourné de cette façon !

À ce moment, je me sentis vraiment coupable et j’éclatai en sanglots.

— Oh ! maman — voyant qu’elle partait — vous n’allez pas me laisser ainsi ! Quand une jeune fille est fiancée, tout le monde est gentil avec elle et on lui fait des compliments.

« Mais ici… personne ne se soucie de moi ! Je n’entends que des paroles dures ou des soupçons encore plus pénibles.

Les sanglots me suffoquaient et je me cachai le visage entre les mains.

À l’instant, mère me prit dans ses bras et m’appuya contre elle ; elle baisa mes cheveux, me câlina comme elle le faisait quand j’étais enfant.

— Ma petite fille chérie ! murmura-t-elle ; ai-je jamais été dure pour toi ? Seulement… je viens d’être si bouleversée par tout ce que j’ai entendu !

— Mais vous ne croyez plus que je suis fausse, maman ?

— Non, plus maintenant !… ni, je crois, jamais. Le chagrin de ma pauvre Dora m’avait navrée.

« Quoi qu’il en soit, j’ai pu voir que notre fiancé apprécie toutes les qualités de ma chère petite fille.

« Il t’aime beaucoup, Phyllis. Es-tu bien sûre que tu lui rends son amour ?

— Et vous, mère chérie, aimiez-vous beaucoup papa quand vous l’avez épousé ?

— Mais… oui, ma mignonne.

— Oh ! est-ce possible ! Et j’ajoutai en soupirant :

« À ce compte-là, je suis contente de ne pas aimer d’amour M. Carrington.

— Phyllis ! que dis-tu là, c’est le premier devoir d’une femme d’aimer son mari et tu dois déjà le considérer comme tel.

— J’ai de l’affection pour lui ; cela vaut mieux. Ainsi je ne serai pas aveugle sur ses défauts ; et j’espère qu’il s’en corrigera pour moi.

— Ma pauvre enfant, essaie d’aimer M. Mark de tout ton cœur. Crois-moi, l’amour est le premier bien de l’existence, c’est si facile de pardonner quand on aime !

« Quand je pense que, si jeune, tu vas nous quitter pour aller courir le vaste monde !… Vraiment, je me