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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/51

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PHYLLIS

— Hier, papa a reçu une lettre de ses sœurs… ma tante Pricilla demandait que Dora vint passer un mois auprès d’elle.

— Oui. Eh bien ?

— Dora répondit que cela l’ennuyait et que je devais y aller à sa place… et naturellement papa fut aussitôt de son avis… et alors, Mark, je me suis rebiffée.

— Comment dites-vous, chérie ?

— Rebiffée, révoltée. Papa est entré dans une violente colère et… il m’a tiré l’oreille.

Je fis cette dernière confidence à voix basse, mon front enfoui sur son épaule.

Mark caressa doucement mon oreille.

— Cette petite oreille, si jolie, si rose, si petite ? La tirer ! oh !

— Mais, fis-je en relevant la tête d’un air décidé, je n’irai pas à Quamsly, cet horrible pays où l’on ne voit personne sauf mes tantes ! Je ne me laisserai pas devenir une victime !

— Non, certainement. Je ne le permettrai pas non plus !

— Si vous connaissiez ces vilaines vieilles filles, vous comprendriez l’horreur qu’elles m’inspirent. Ce sont les sœurs de papa ; tante Martha a des verrues et tante Pricilla des yeux qui louchent et le menton pointu… pointu ! comme son caractère.

« J’aimerais mieux mourir que d’y aller ! Oui. Je préfère encore vous épouser tout de suite !

Je ne compris la portée de ma sottise qu’en voyant mon fiancé pâlir et reculer.

— Phyllis, me dit-il à demi-voix, il est bien triste pour moi que la pensée de notre mariage vous déplaise autant.

— Non, non, ne croyez pas cela ! m’écriai-je toute repentante. Pensez combien j’ai été énervée depuis hier soir… Il me tardait de vous voir pour tout vous raconter… Je pensais bien que vous seriez mon refuge.

— Vous êtes mon enfant chérie, dit-il en caressant les boucles folles de mon front, mon bien le plus précieux. Je ne veux pas qu’on vous maltraite. Phyllis, voulez-vous fixer notre mariage à deux mois ? Deux mois seulement !

Je tressaillis.

Il ajouta :

— Nous serons au mois de septembre et vous aurez dix-huit ans. Si vous voulez, ce sera le jour anniversaire de celui où je vous découvris perchée dans le noisetier ?

Cette idée me sourit et, sans dire ni oui ni non, je lui répondis :