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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/50

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PHYLLIS

tion cette fois, et je fouillai dans ma poche pour prendre mon mouchoir.

Inutile de dire qu’il n’y était pas, ce que voyant, mon fiancé sortit le sien et essuya lui-même mes larmes amères.

— Pourquoi ne me détestez-vous pas ? m’écriai-je au milieu de mon désespoir. Monsieur Carrington, oubliez ce que vous avez entendu et pardonnez-moi.

— Comment pourrai-je vous pardonner si vous m’appelez monsieur Carrington ?

— Mark, alors, mon cher Mark, pardonnez-moi, implorai-je en frottant ma joue humide contre le drap de son habit de cheval.

« Je vous jure que je ne pensais pas à ce que je disais, car si vous ressembliez seulement à M. Hastings, seriez-vous cousu d’or… je ne vous épouserais pas. Dites, Mark, vous me pardonnez ?

— Oui, ma chère petite fille. Seulement, je trouve que vous me devez une réparation pour le chagrin que vous m’avez fait.

— Oui, peut-être… Eh bien ! quelle pénitence allez-vous m’infliger ?

— C’est que vous m’embrassiez la première. Je ne crois pas, Phyllis, que vous m’ayez, jamais donné un baiser que je n’aie été obligé de mendier.

Je répliquai de grand cœur :

— Oh ! oui, tout de suite.

Et je me jetai dans ses bras.

Si j’avais été une coquette accomplie, ménageant ses effets, je n’aurais pas obtenu, par mes artifices, de succès plus complet que n’en eut cet innocent baiser.

Il sourit d’un air ravi, mais, me retenant, et d’un air très sérieux, il ajouta :

— Ceci ne sera pas tout comme pénitence. J’étais venu dans l’intention de vous demander d’abréger mon supplice.

« Et cette petite scène me prouve que je n’avais pas tort. Si réellement vous n’avez pas de répugnance à m’épouser…

— Mais non, vous pas plus qu’un autre, je vous assure !

Bon ! je l’avais encore blessé, je m’en aperçus à l’air chagrin qui assombrit ses traits.

Passant mes bras autour de son cou, je murmurai :

— Ne soyez pas trop malheureux… Quelque chose me dit que je finirai par vous aimer ; mais il faut être très patient avec moi. Je vous jure que j’aime mieux vous suivre plutôt que de rester à la maison… surtout après ce qui s’est passé ce matin.

— Qu’est-il donc arrivé ?