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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/76

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PHYLLIS

sonna. Et, le cœur oppressé, je sortis de la salle, ayant presque des larmes dans les yeux.

Dans le couloir, je rencontrai Walter, le valet de mon mari, qui descendait de l’étage supérieur, son service terminé.

— Monsieur est-il descendu au salon ? lui demandai-je.

— Oui, madame, à l’instant.

J’hésitai, puis me décidant à parler :

— Ah ! à propos, Walter, j’ai perdu une lettre froissée cet après-midi dans la salle d’armes. L’avez-vous ramassée ?

— Non, madame. Je ne suis pas entré dans la salle depuis hier soir… Mais, si Madame le désire, je vais voir…

— Non, non, dis-je vivement. C’est inutile, elle n’y est pas.

J’entrai au salon où tout le monde était déjà rassemblé.

Dès l’entrée, je vis le regard de Mark qui semblait me reprocher mon retard.

Je détournai la tête et pris le bras de Francis Garlyle qui s’inclinait devant moi.

Il me fut impossible, pendant tout le dîner, de chasser tout à fait les pensées qui m’assiégeaient ; cependant, sir Francis redoublait d’amabilité et d’esprit. Tous mes hôtes, enchantés de la perspective du bal, en causaient et donnaient leur avis sur une grave question qui, surtout, passionnait les jeunes filles.

Était-il convenable de donner un bal costumé aux environs de Noël ?

Ce serait tellement plus joli et plus amusant !

— Phyllis, donnez votre avis, me dit Lilian à travers ta table. Vous savez que votre époux ne peut rien vous refuser, si vous le lui demandez avec vos petites façons irrésistibles.

— Phyllis sait, dit mon mari, que je serai trop heureux de satisfaire son désir.

Il me souriait, cherchant mon regard.

Mais je me tournai subitement du côté de maman.

— Vous, mère, décidez, lui dis-je, puisque c’est une question de convenances.

« Peut-on donner un bal costumé en cette saison ?

Mère regarda Dora qui lui fit un léger signe de tête et elle répondit :

— Mais pourquoi pas ? Un bal costumé amuse toujours La jeunesse. Du reste, laissez vos invités libres d’être costumés ou non.

La question était tranchée, bientôt l’on ne parla plus que déguisements ; Arlequins et Arlequines,