Aller au contenu

Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
PHYLLIS

importance, Mark la laisserait où elle était, c’est-à-dire dans le coin de la fenêtre, à demi cachée par le rideau.

S’il y avait du danger à ce qu’elle fût trouvée, aussitôt après mon départ il l’aurait ramassée.

Mais comment retourner à la salle d’armes sans qu’il s’en aperçût ? Comment le faire, surtout, avant qu’aucun des domestiques n’entrât dans la pièce ?

Le valet de chambre de Mark pouvait la relever par habitude d’ordre…

Anna finissait de me recoiffer lorsque j’entendis, de l’autre côté de la cloison, la voix de mon mari.

Il changeait de vêtements pour le dîner.

Aussitôt, me retournant :

— Assez, Anna, dis-je, ma toilette est finie.

Et je m’échappai très vite, laissant cette fille ébahie.

J’eus la malchance de rencontrer Lili en descendant l’escalier ; elle remontait à sa chambre.

— Où allez-vous, Phyllis ? vous courez comme si le feu était à la maison… Et vous êtes à moitié coiffée, petite folle, vos mèches pendent de tous côtés.

J’essayai de sourire.

— C’est une nouvelle coiffure que j’inaugure ce soir. Allez vite vous habiller, Lilian, vous êtes en retard.

— Alors, dit-elle en me saisissant par le bras, venez m’aider, cela ira plus vite. Nous bavarderons un peu.

— Impossible, Lilian, pardonnez-moi, j’ai un ordre à donner et c’est très pressé.

— Vous le donnerez plus tard.

— Non, c’est de la part de Mark, cela ne peut attendre.

Je m’échappai enfin, toute honteuse de mon mensonge, et courus à la salle d’armes.

Je craignis une seconde qu’il n’eût fermé la porte à clef.

Elle était ouverte.

Je tournai la poignée et y pénétrai comme une voleuse.

La pièce était toute noire.

Je tournai le bouton de l’électricité et me précipitai dans le coin…

Elle n’y était plus !

Je cherchai de tous côtés, espérant que peut-être le bouchon de papier aurait pu rouler ailleurs… sous les meubles même ; sans égard pour ma robe de soie et de dentelles je me mis à genoux pour mieux voir.

Rien ! rien !

Il l’avait ramassée.

Je restais là, anéantie, quand la cloche du dîner