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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/94

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PHYLLIS

la chaleur de la fête ? Peut-être le saurai-je demain…

Là-bas, je vois Billy qui danse comme un perdu avec la jolie Jenny Hastings. II cherche peut-être à détrôner Roland.

Ah ! voici Dora, la charmante bouquetière qui à retrouvé son chevalier servant un superbe mousquetaire au grand feutre emplumé.

Il s’en sert, du reste, comme d’un éventail, et fait de visibles efforts pour soutenir une conversation des plus ardues.

Et Blanche, où est-elle ?

Blanche a disparu. Lasse peut-être, elle est allée réparer ses forces et conserver ses charmes dans le sommeil d’une conscience pure !

Bah ! ma légère jalousie contre Blanche ne pèse rien en comparaison de mes autres ennuis.

Enfin, ce bal que j’avais tant désiré et qui, en somme, ne me laisse que tristesse et lassitude, a pris fin.

Les derniers invités partis, nous regagnâmes nos chambres avec une certaine hâte, car l’aurore allait bientôt paraître.

Fidèle jusqu’au bout à ses devoirs de maître de maison, mon mari resta l’un des derniers au fumoir en compagnie des hommes.

Je l’attendis, espérant bien qu’il passerait dans ma chambre pour me souhaiter un bon repos et faire la paix avec moi.

J’étais prête à lui pardonner tous les griefs que j’avais contre lui…

J’entendis des voix masculines, des pas qui se dirigeaient de plusieurs côtés.

Ah ! voici celui de Mark !

Il entra, marcha vers ma table de toilette, y alluma une bougie et, sans même me regarder, retourna vers la porte.

Mais je bondis en criant :

— Mark !

Il s’arrêta et me regarda froidement :

— Avez-vous besoin de moi ? Votre femme de chambre dort-elle ?

— Oh ! m’écriai-je, prête à fondre en larmes, comment pouvez-vous être si méchant, si rancunier, si cruel envers moi ? Ainsi, vous alliez partir sans me dire un seul mot !

— À quoi me servirait de vous parler ? La dernière fois que je vous ai adressé la parole, c’était pour vous demander une chose qu’il vous était facile de m’accorder et vous m’avez refusé.

— Oui, c’est vrai, mais je l’ai bien regretté après ; vous auriez dû le voir.