Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
RÉCITS DU LABRADOR

Il ne reste plus un seul Esquimau entre la pointe des Monts et Blanc-Sablon. Le dernier que j’y ai vu demeurait, il y a une quinzaine d’années, dans les goulets qui précèdent Shekatica. Il y vivait seul. Depuis, il est mort. Représentait-il le dernier vestige des tribus disparues ? Était-il revenu attiré par la chasse sur les terres occupées autrefois par ses aïeux ? Je ne saurais le dire. Quoi qu’il en soit, on ne rencontre plus sur tout le littoral que des Montagnais et accidentellement, quelques représentants de la tribu essentiellement forestière et lacustre des Nashuapis, qui se hâtent, aussitôt leurs transactions achevées et leur curiosité satisfaite, de quitter le bord de la mer, dont ils redoutent le voisinage au possible, tant ils craignent d’y trouver la mort à bref délai. Cette crainte étrange semble justifiée par un fait non moins singulier et que beaucoup de témoins, paraissant dignes de foi, attestent énergiquement. Le voici : Il y a quelques années, paraît-il, plusieurs familles de Nashuapis vinrent se fixer au bord de la mer. Quelques semaines s’étaient à peine écoulées que tous les membres de ces familles furent atteints de phtisie rapide. Peu de temps après, tous succombaient et pas un seul ne revit le territoire de sa tribu.