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RÉCITS DU LABRADOR

Il est assez difficile de faire un portrait bien fidèle des sauvages. Voici comment s’exprime Garneau, dans son volume 1, page 99, de l’Histoire du Canada :

« Ils avaient le visage plus rond qu’ovale, les pommettes des joues élevées et saillantes, le teint bronzé, les yeux noirs et châtains, petits, enfoncés et brillants dans leurs orbites, le front étroit, le nez plat, les lèvres épaisses, les cheveux gros et longs, le menton sans barbe, parce qu’ils en arrachaient soigneusement le poil à mesure qu’il paraissait, suivant un usage général en Amérique ; tel était l’homme du nouveau monde. Il avait la vue, l’odorat et tous les sens d’une sensibilité extrême. »

Quelques types montagnais se rapprochent encore beaucoup de cette peinture, mais la généralité a subi de profondes transformations. Les chasseurs blancs, et surtout les employés de la compagnie de haute philanthropie connue sous le nom de Compagnie de la Baie d’Hudson, se sont chargés de provoquer de nombreux changements dans des traits autrefois si fidèles. On trouve des nez écossais, des yeux bleus, des cheveux bouclés et des peaux blanches chez les Montagnais. Le pied seul s’est conservé dans toute sa petitesse et dans toute sa nervosité primitive, et le contact des