Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
RÉCITS DU LABRADOR

ment tutélaire protège à peine les parties avoisinantes, qui restent exposées à toutes les indiscrétions et aux froids attouchements des bises implacables de l’hiver. Chez les autres, au contraire, il les embellit, il les abrite, il les réchauffe et leur donne cet aspect de candeur et d’originalité si attrayantes chez le renard, si appétissantes chez le castor, si consolantes chez la loutre. Je pourrais vous citer mille exemples de cette étonnante relation de la queue des animaux avec le développement de leur intelligence.

Il résulte de cette loi, aussi vraie que singulière, que les animaux à queue courte sont le plus souvent, contrairement à toute vraisemblance, les tristes dupes de l’imprudence ou de la sottise de ce complément du système vertébral. En voici une preuve éminemment palpable. Vous connaissez tous le grand chat à queue dérisoire, à longues pattes et à oreilles droites terminées par un pinceau, que l’on appelle le loup-cervier ?

Peut-être savez-vous qu’il adore les émanations de la chataire et de la valériane, et que ce goût absurde, il le partage avec tous les félins des latitudes tempérées ?

Vous n’ignorez pas, j’en suis sûr, que tout chasseur est, non-seulement un puits de vérité, mais encore le réceptacle de