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RÉCITS DU LABRADOR

nous n’avons pu asservir à nos lois et que la liberté bénie a tenus éloignés de toutes nos corruptions.

Il me serait facile, à l’appui de cette thèse, de vous citer un nombre immense d’oiseaux pleins de vertus. Je vous épargnerai une si longue nomenclature, qui ne ferait qu’exaspérer votre confusion et la mienne.

L’outarde, que Boie appelle bevnicla branta, et les Anglais, Canada goose, est l’un des exemples les plus frappants de cette agglomération chez l’oiseau de toutes les vertus qui nous manquent.

La mâle de l’outarde, que j’appellerai le jars, puisque, d’après les Anglais, cet animal n’est qu’une oie, n’a qu’une femme à la fois. Cette femme, il l’adore, l’abreuve d’attentions et la défend avec courage.

Audubon, qui fut chasseur pour devenir savant, fait un tableau aussi délicieux qu’édifiant des soins délicats et variés qu’avait pour sa femelle un mâle d’outarde dont il fit un jour la rencontre dans les savanes tremblantes du Labrador. Il nous dit, en fort beau langage, du reste, avec quel empressement cet époux dévoué couvrait sa femelle de son corps pour la défendre des entreprises du chasseur, avec quelle tendresse il savait calmer la terreur que lui causait la présence du savant ob-