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RÉCITS DU LABRADOR


LE GOËLAND


Avez-vous tué des anglais ? Moi, j’en ai occis des monceaux. Je n’ai pas ménagé davantage les irlandais, quoiqu’ils soient beaucoup plus difficiles à tirer à cause de leur rouerie infiniment plus développée.

Ces deux oiseaux — je me hâte de vous dire qu’il s’agit de goëlands — sont, avec les maringouins, puces, punaises et autres insectes innommables, les plaies vives du Labrador.

Avant d’aller plus loin, je crois utile de vous expliquer que le mot anglais, ainsi que le dénominatif irlandais, dont je me suis servi dès le début de ce récit, sont deux métaphores audacieuses, d’un goût suffisamment germanique pour être appréciées. J’ajoute que la première désigne le grand goëland à manteau noir — larus marinus (Linnée) ; — la seconde, le goëland à manteau gris ou à dos bleuâtre, que Brunn a bien voulu baptiser des noms de larus argentatus et de larus glaucus.

Cette œuvre de prudence accomplie, — œuvre sans laquelle on m’eût accusé, peut-être, du meurtre de MM. Stephens ou