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RÉCITS DU LABRADOR

McShane,[1] — il me reste à vous dire pour quel motif le goëland à manteau noir a eu l’honneur d’être traité en compatriote de la plus intéressante de ces deux personnalités estimables.

Il y a une quarantaine d’années, une frégate anglaise, — ce sont les gens de la côte qui le disent, — se perdit corps et biens sur un récif du golfe. La mer jeta au plain une foule de cadavres et, lorsque les pêcheurs vinrent inhumer les malheureuses victimes de la tempête et de la brume, ils furent obligés de ravir ces pauvres corps à une nuée de goëlands à manteau noir qui se disputaient la chair de ces tristes épaves. Les pêcheurs de cette époque les appelèrent mangeurs d’Anglais. Depuis, un besoin de concision particulier aux gens de mer fit disparaître une partie de l’épithète primitive et aujourd’hui l’on dit seulement : des anglais.

Pourquoi appelle-t-on irlandais les goëlands à manteau gris ? Je ne sais trop. Je crois, cependant, que c’est à cause de la différence d’instinct qui sépare les deux espèces. Peut-être est-ce une allusion délicate au home rule, les goëlands à manteau

  1. Note de la rédaction — M. Stephens, — député anglais possédant une grande fortune et l’éducation d’un irsute — M. MacShane — ancien maire de Montréal, très populaire.