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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/6

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RÉCITS DU LABRADOR

une éruption du Vésuve, les prit pour exemple des manifestations merveilleuses de la puissance divine dans les êtres les plus petits.

Vous savez comme moi que, chez la plupart des animaux, le sexe mâle, appelé sexe répugnant chez les hommes, est celui des deux qui a pour apanage tous les vices. Chose étrange, il n’en est point ainsi chez l’aimable culicide dont je vous entretiens.

La femelle seule, paraît-il, est sanguinaire. Elle seule nous pompe le sang, pendant que le mâle vertueux butine au milieu des fleurs aux parfums suaves pour se nourrir de leur suc.

Je me hâte d’ajouter que cette particularité de la vie animale est une exception à la loi qui attribue si justement au sexe faible toutes les mansuétudes et toutes les séductions.

L’existence du maringouin est de courte durée, remercions-en le ciel !

Il se reproduit sept ou huit fois dans l’année et, chaque fois qu’il accomplit cette fonction, il meurt.

Mais ces reproductions, suivies de morts encore trop restreintes malgré leur fréquence, donnent des résultats qui font frissonner. On a calculé qu’un couple, — un seul, vous entendez bien, — peut, à la fin d’un été, être représenté par cinq millions