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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/89

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RÉCITS DU LABRADOR

qu’il faut toujours être aimable avec le sexe faible — mais que vous était-il arrivé ?

— Voilà, monsieur : je ramassais des graines. Tout à coup, passe à côté de moi une bête noire avec une longue queue. Je crois que c’est une martre. Je prends un bâton, j’appelle l’ours et nous nous précipitons tous deux sur l’animal. C’était une bête puante ! monsieur, une bête puante !! Elle m’a arrosée, l’ours aussi, la maudite… la… etc… L’ours est devenu fou. Moi, j’ai failli mourir. Je ne pouvais plus résister. Alors, j’ai tiré mes vêtements, j’ai allumé un feu et je les ai fait brûler. Oh ! la bête du diable, oh ! la ci… oh ! la ça… — vous comprenez que j’en passe, cher lecteur. — À quoi ça peut-il bien servir, monsieur, des bêtes comme ça ?

— À faire déshabiller les jolies femmes, Rhina, lui répondis-je.

— Ah ! maudit Français, me répondit-elle en riant.

Sur la côte, quand il s’agit d’un Français aimable comme vous ou moi, l’on dit : Ah ! le maudit Français ! S’il est question d’un Anglais vertueusement impassible et saintement grognon, on dit : Oh ! l’Anglais maudit !

Lequel préférez-vous ?