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RÉCITS DU LABRADOR

Rhina, nue comme un ver, poussait, au moyen d’une longue perche, dans un feu qu’elle avait allumé, quelques loques dont elle paraissait désireuse de hâter la combustion.

Pendant quelques instants, le fou rire qui s’était emparé de moi à la vue des charmes entièrement dépouillés d’artifice de la jeune femme avait tenu ma pudeur naturelle en échec. Mais je repris vite possession de moi-même et, comprenant combien ma présence pouvait déplaire à cet excellent Hector, — de qui et de quoi n’est-on pas jaloux quelquefois ? — je repris, toujours riant, quoique seul, le chemin de la maison, où j’arrivai à la nuit noire.

Je me couchai riant encore, mais je dormis à peine. J’avais hâte d’atteindre l’aurore du lendemain, comme eût dit M. de Pixérécourt. Je mourais de l’envie de connaître les motifs qui avaient porté Rhina à choisir, au mois d’octobre, un costume aussi peu rembourré.

Dès l’aube, je gagnai la maison d’Hector. Tout le monde y était debout.

— Bonjour, dis-je en entrant.

— Bonjour, monsieur.

— Vous aviez un bien beau costume hier soir, Rhina !

— Vous trouvez, monsieur ?

— Certainement, — j’ai pour principe