Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/104

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Je ne veux faire ici aucun parallèle entre la musique antique et celle des modernes, et je ne dirai point combien celle-ci paraît avoir acquis de richesses et de moyens qui dûrent manquer à l’autre. Cela serait peut-être peu décisif dans la question des effets dont je veux parier ; car il est certain que ce qui touche le plus dans l’Art musical n’est point ce qui tient à la science, à la difficulté et aux moyens mécaniques. Avec beaucoup moins d’instrumens, ou avec des instrumens moins parfaits, et surtout avec une moindre dépense de combinaisons, les anciens ont pu arriver au but principal de l’Art, qui est d’exciter des impressions, de peindre les passions, d’émouvoir et de plaire. L’art seul du chant et celui des accompagnemens simples, arts qu’on ne peut leur refuser, ont dû leur suffire pour produire les plus grands effets.

Mais il me paraît que l’effet de leur musique dépendait beaucoup d’une qualité qui fut aussi dominante chez eux, dans tous leurs Arts, qu’elle l’est peu chez nous, et surtout dans l’Art dont il s’agit. Je veux parler du caractère musical, chose en apparence fort facile, mais qui ne s’obtient pas si facilement qu’on pense, parce que son principe est, en grande partie, dans des usages auxquels