Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/64

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l’usage qu’on en fait. Qu’on ouvre des galeries à ceux des ouvrages que réclame l’enseignement, et dans lesquels le public, comme l’étudiant, trouveront à former leur goût et leur talent. Qu’on destine enfin des cabinets aux ouvrages classiques de l’Art ; mais qu’on ne destine pas tous les ouvrages de l’Art à n’être que des objets de cabinet.

Ce n’est pas ainsi, d’ailleurs, comme on l’a déjà dit, que sont nés ces chefs-d’œuvre dont on attend la reproduction. Ce n’est à aucune méthode de culture artificielle qu’on en est redevable. On les doit à la liberté de toutes les causes naturelles et nécessaires. On les doit à l’utilité de tous emplois auxquels ou s’est étudié depuis long-temps à les soustraire. Livrés à l’influence de toutes les destinations publiques et sociales, les ouvrages de l’Art repoussent l’un de l’autre. Trop souvent les cultures artificielles ne conservent l’individu qu’aux dépens du principe de sa reproduction.

Qu’on élève dans des pépinières des germes choisis, qu’on les cultive avec plus de soin, qu’on les acclimate, je trouve là l’image des institutions scholastiques propres à seconder la nature ; j’approuve les soins de l’agriculteur, pourvu que de là sortent des élèves qui aillent enrichir nos campagnes, orner nos jardins, embellir nos paysages.