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vi
PRÉAMBULE.

d’une de ces théories prétendues universelles, qui outre-passent les forces du génie de leurs auteurs, et l’étendue d’intelligence de leurs lecteurs.

Quelques métaphysiciens[1], pour embrasser la théorie entière de l’imitation dans les beaux-arts, ont tenté d’en ramener toutes les notions à un principe général, mais si élevé, mais placé dans une région si peu accessible à la compréhension du plus grand nombre, que ceux même qui croient y atteindre, n’y saisissent qu’une sorte de point de concentration, où le tout absorbe ses parties.

D’autres[2], se traînant en théoriciens sur les routes multipliées de l’analyse, se sont flattés de détailler, partie par partie, l’ensemble d’une doctrine générale, applicable dans chaque objet à chacun des beaux-arts : mais, en visant à l’universalité, ils ont manqué l’unité : ils ont eu trop de pièces à réunir, pour en faire un corps ; et dans l’incohérence de leur ouvrage, les parties n’ont pu produire un tout.

  1. Kant.
  2. Sülzer.