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PRÉAMBULE.

Je ne me dissimule pas ce que peut appréhender, de la part de beaucoup de lecteurs, l’ouvrage d’une théorie plus ou moins abstraite, en matière de beaux-arts. Les uns, en de tels sujets, veulent qu’on leur présente de ces notions positives, que l’esprit rattache facilement aux choses d’une expérience commune. Les autres, croyant qu’on ne doit parler des beaux-arts qu’en style fleuri, demandent à l’auteur, de ces aperçus brillants qui saisissent l’imagination, de ces phrases sonores, de ces tournures pittoresques, flatteuses pour l’oreille et les sens, mais qui ne laissent aucune idée dans l’esprit. Que faire à cela ? Chacun, en traitant un sujet, y choisit un point de vue. Il doit y être fidèle, et par conséquent s’attendre que ses aspects ne correspondront pas à la position ou à la disposition de tous. Chaque matière a ses juges. C’est de ceux-là qu’on doit ambitionner le suffrage. Peu importe leur nombre.

Je prévois aussi une objection. On pourra demander à quoi une semblable théorie est bonne, et si elle peut servir à faire produire de meilleurs ouvrages. À cela voici quelle pourroit être ma réponse :