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DE LA NATURE

par l’analyse des différentes sortes d’impressions que produisent ses œuvres, ni de dire tout ce qu’elle doit être pour être parfaite. Je veux rechercher seulement et montrer ce que l’imitation dans les beaux-arts doit être, pour être imitation.

Ainsi c’est son principe élémentaire, c’est son caractère intrinsèque, autrement dit, son essence, que je prétends mettre à découvert et développer.

La faculté imitative est réellement caractéristique de l’homme ; elle se mêle à tous ses actes, elle entre dans tous ses ouvrages ; elle lui appartient tellement, et à lui seul entre tous les êtres, qu’on pourroit le définir par cette propriété, en le nommant l’être imitateur. De là cette multitude de rapports divers sous lesquels on emploie le mot imitation ; de là cette variété d’effets imitatifs qui se reproduisent dans tous les ouvrages de l’industrie humaine ; de là par conséquent la nécessité d’isoler la théorie de l’imitation dans les beaux-arts, et de la soumettre à une recherche particulière.

Il faut, quand on veut la définir, en dégager l’idée ou la notion, de celles qui caractérisent l’imitation propre des autres arts. L’habitude où l’on est de confondre les propriétés inhérentes aux deux actions de la faculté imitative, occasionne toutes les méprises qui, de l’usage ou de la manière de parler, passent dans la manière de voir et de sentir, et qui, après avoir faussé le jugement de ceux auxquels s’adressent