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DE L’IMITATION.

les œuvres des beaux-arts, parviennent à tromper l’esprit, et à vicier le goût de ceux qui les produisent.

Séparer, par une distinction claire, élémentaire, et incontestable dans sa simplicité même, le principe de limitation propre des beaux-arts, du principe des autres sortes d’imitation, ce n’est pas se livrer à une stérile analyse ; on verra au contraire que c’est ouvrir à la théorie une source féconde, s’il est vrai que de ses conséquences doivent dériver les lois du goût qui régissent les beaux-arts.

Ce principe fondamental, je le réduis, dans sa plus simple expression, aux termes suivants :

Imiter dans les beaux-arts, c’est produire la ressemblance d’une chose, mais dans une autre chose qui en devient l’image.

De cette définition on voit déjà sortir la différence essentielle qui existe entre l’imitation propre des beaux-arts, et les autres sortes d’imitation.

Il appartient sans doute à chaque sorte d’imitation de produire certaines ressemblances. Mais si toute imitation produit des ressemblances, toute ressemblance n’est pas pour cela nécessairement un produit de l’imitation. C’est ce qui se démontre de soi-même, par exemple, dans les œuvres de la nature, où l’on découvre le plus grand nombre de ressemblances, et des plus frappantes. Il suffit de nommer tous les objets qu’elle reproduit sans cesse. Le mot reproduire déprime cette faculté qu’elle a de donner l’être à une