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DE L’IMITATION.

cacher qu’il eût un ouvrage de peinture, comme on le pratique par cette sorte d’illusion qu’on appelle trompe-l’œil, il arrive que l’idée d’image ne se présentant plus au spectateur, l’effet de l’imitation redevient nul à son égard. Rien ne l’appelant à être juge, il n’a rien à comparer : dès-lors nul plaisir pour lui, puisque le principe du plaisir est dans le rapprochement, qu’il n’a pas pu faire, entre le modèle et son image.

Or il ne peut y avoir de rapprochement semblable à opérer, qu’entre deux objets non seulement divers, mais distincts, c’est-à-dire qui nous avertissent qu’ils sont divers.

J’appelle identiques, dans l’imitation, tous les objets qui ne se montrent point à nous comme divers ; et l’on sent bien qu’il ne s’agit pas de prendre ici les mots identité et diversité dans leur acception absolue et mathématique : je dirai même bientôt que, selon le sens rigoureux du mot, il n’y a peut-être pas une seule identité physique dans la nature. Ce fait bien constaté deviendra encore une des bases de la théorie de l’imitation dans les beaux-arts, en contribuant à prouver quel est le genre de ressemblance propre à leurs ouvrages. On appellera donc identiques les objets qui simplement paroissent l’être, comme sont les ouvrages produits par tout procédé mécanique. Cette sorte d’identité apparente, qui occasione la confusion entre les objets similaires, est précisé-