Page:Quatremère de Quincy - Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Chalgrin, architecte.djvu/9

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bois ne remplacerait pas quelquefois très-convenablement la pierre. Lorsqu’on pense que le plus grand nombre des basiliques et des temples antiques étaient ainsi couverts ; lorsqu’on réfléchit aux dépenses et aux difficultés que produit la nécessité des points d’appui, des contre-poids et des résistances contre l’effort des voûtes en pierre ; enfin quand on voit la voûte en bois de St.-Philippe du Roule, il est permis de penser que des raisons d’économie et de convenance, devraient faire adopter plus souvent une pratique, d’ailleurs assez d’accord avec le système des colonnes dans l’intérieur des temples.

La réputation de M. Chalgrin et le grand nombre de ses ouvrages l’avaient déja placé sur la première ligne des architectes. Aussi, lors de la formation de la maison de Monsieur, alors comte de Provence (aujourd’hui Louis XVIII, notre bien-aimé souverain), il avait été nommé son premier architecte et l’intendant de ses bâtimens. Il avait fait plus d’un projet pour l’embellissement des différens palais de ce prince. Le château de Brunoy, et sur-tout le palais du Luxembourg, avaient exercé à plusieurs reprises le crayon ingénieux de M. Chalgrin. On a de lui, pour l’amélioration de ce denier édifice et pour l’agrandissement du jardin, autrefois planté par Marie de Médicis, deux projets auxquels les circonstances ne permirent pas de donner suite, mais dont on a depuis réalisé quelques parties. Ainsi c’est M. Chalgrin qu’est due l’idée de ce beau percé qui vient de rattacher depuis peu, par une grande avenue, l’Observatoire au jardin et au palais du Luxembourg. Depuis long-temps il s’était acquis, par une suite de travaux projetés pour améliorer ce monument, une sorte de droit à être l’architecte de sa restauration ; et elle lui fut enfin confiée, lorsque la révolution, après avoir converti ce palais en prison (où M. Chalgrin fut enfermé lui-même), tendit vers une forme de gouvernement moins anarchique, et que le Luxembourg fut choisi pour être la résidence de ce qu’on appela le Directoire exécutif.