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CHANSONS ET DANSES DES BRETONS

des livres de critique, ouvrages de seconde main qui ont la prétention de juger et de résumer les chefs-d’œuvre. La plupart des erreurs qui ont cours au sujet des traditions populaires, n’ont pas un autre point de départ. Mais le peuple seul tient les traditions, parce que la mémoire est surtout le don des illettrés.

Du reste, le chemin une fois frayén il s’agit simplement de le poursuivre ; les chansons remontent sous les pas : on dirait quelles s offrent d’elles-mêmes au collectionneur qui a su plusieurs fois les solliciter. Peut-être les chanteurs enfin sont-ils moins effarouchés ; peut-être a-t-on soi-même appris à les interroger habilement. Mais rien ne vaut comme de donner 1 exemple ; on obtient toute mélodie, après avoir chanté sor même le premier ; c’est ce qu’il faut pour mettre en branle Tenthousiasme : et la confiance est à ce prix. Les paysans passent vulgairement pour des avares. Celte réputation n’est pas, de tous points, méritée : leur avarice a les caractères d’une sage prévoyance. Qui donc livrerait de gaieté de cœur scs richesses ? Le peuple des chanips s imagine que ses légendes et scs contes sont un bien à lui ; il a conscience qu’en lui demandant ces traditions orales, on cherche à le dépouiller d’un héritage, à lui retirer quelque chose de ses joies propres et de sa vie intérieure. Comment ne pas admettre, pour ce motif et d’autres analogues, que la défiance soit la qualité dominante des paysans ?

Un jour, j’ai mis la main sur un chanteur de renom, le tisserand Kérambrun, de Pleudaniel, C’est lui-même un barde^ à scs lieurcs. Pour qui cherche bien, d’ailleurs, il y a dans chaque quelque chanteur ou quelque barde, qui a su à son profit accaparer rillustration régionale ; autour de son nom à celui-là s’est formée alors comme une légende, cl il est devenu une sorte de /ïo/an^/oiide Lézobré^ en son genre. A Hengoal est Le Prigent : il y a en Plourivo un vieillard aveugle dont le nom m’échappe el que conduit sa fdle (tel Ossian, avec Malvina) ; entre Rospez et Uuhulien, Kérervé ; le ri