Page:Quellien - Chansons et danses des Bretons.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
35
NOTES DE VOYAGE

Maihurin l’Aveugle, ce ménétrier dont la renommée est parvenue jusqu’à Paris, où il fut appelé pour des représentations dramatiques* Mais la bombarde de Mathurin ne mfeno plus grand bruit chez ses compatriotes ; n’a pas fait école. On arrive au fond de la Bretagne brctonnante, après avoir fait route, depuis Guingamp jusqu’à Brest, et de Landerneau à Quimperlé, on suivant la ligne des chemins de fer, el Ton a entendu le biniou une fois ou deux, à Quimper surtout ; encore les ménétriers qui jouent lu sous les halles, à des noces, monlrcnt-iU leur préférence pour des airs modernes ou parfaitement étrangers à leur insi rumen t : sur les quatre morceaux dont sc compose le véritable quadrille breton, deux ou trois sont généralement des ritournelles en honneur dans les cafés-concerts.

Pour ceux qui prétendent que lo biniou est rinslnimcnt national des Bas-Bretons, il y aurait eu donc un recul de la musique populaire devant la cimlimlion ; cl celle-ci, en coupant de ses voies ferrées la Bassc-Brelagnc, de Gliatclaudren à Brest, de Landerneauà Lorieiit et à Pontivy, ne fait-elle pas songer à ces voies romaines qui contribuèrent tant à la conquête de la Gaule ?

Cette sorte d’invasion aura produit cet clïet incontestable : les ménétriers ont élé refoulés à l’intérieur des terres ; les coIHues et les bois de la üoriionaitic sont devenus leur refuge ; le mot de Tacile sur les ancêtres celtiques de Calédonie leur serait, à leur tour, applicable ; « in penetralibus sili. » C’est dans Tantique forêt de Brocéliandc, d’oii sont sorties les légentlesdu Ct/cle d’Arlhur, qu’il faudra chercher les dernières traditions de la Bretagne* Les ports et les siatioi|& balnéaires sont encombrés A’étrangers ; le littoral, étant cc qi^’il y a de plus fertile dans la presqu’île armoricaine, a été de bonne heure envahi. Il est constant et avéré que, dans toute occupation, les conquérants ont rejeté les indigènes vers les régions pauvres et déshéritées. Co n’est pas la Domnonée, par exemple, qui recèlera un jour cc qui sera resté des Bretons ; les landes de YArgoat seront leur dernier asile. Et c’est pour cela que déjà l’on n’a plus le biniou duiis les quatre coins de la région. =’

f

i.

i

, l’i