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NOTES DE VOYAGE

bien mort, si le baz m’était tombé sur te corps tout du long*. »

Et cet autre on-dit : « Stokomp, m’ hon breur, — loûchona-nous (les coudes), notre frère. » C’ost une manière de s’embrasser, à la Cornouai 11 aise, en se bousculant, après une danse.

L’âpreté de ces mœurs n’est pas sans une explication. Les abords d’un pays, que les émigrants ou les envahisseurs ont plus souvent piétiné que l’intérieur, ont gardé des souvenirs plus divers et moins fermes. Ainsi, en venant de Tréguier, Louargat est comme le seuil de la Cornouaille ; les traditions qui se retrouvent aux alentours, ont toute l’indécision d’une limite qu’on n’a jamais clierché à rendre fixe ; l’histoire de cette frontière est un mélange de profane et de sacré, elle remonte à s. Michel ou à s. Hervé, pour aboutir aux châteaux* forts cl aux lutins du moyen âge. Du reste, à bien chercher, rien du passé ne s’cITacc dans les consciences populaires. Mais à deux lieues de Louargat, lorsqu’on touche à la foret de CoaU ann-Noz, il est impossible de ne pas éprouver qu’on pénètre dans une région restée à travers les âges aussi inviolable qu’un asile. El c’est dans co seul Pays-des-lîois que le biniou ne chôme jamais.

Pour sonner une danse bretonne, deux instruments sont de rigueur : le biniotP et la bombarde. Dans les Gôtes-du-Nord, 1. Le penii^baz tient une f^rande place dane le» ua et coutumes do Cornouaille. Ce Mton {baz) oet généra Le mont de cUénc, L’une des extrémité» (pcnn) est un gros nœud ; à Tautre bout est altachée une lanière en cuir. Le penn-baz est à double ctfct : on peut, avec un attelage ou uu troupeau, s’en servir comme d’uu fouet ; mai» c’est uu redoutable caB»e-téte entre le» mains d’uu paysan breton. 11 fut un temps, d’après les chausoua populairesi où lea vaillauta hommes (tud vad) de Comoiiailie n’auraient reculé devant aucune épée, lorsqu’ils teiLaîent leur court béton ; penn baz était comme leur arme nationale. — Au patron de SainUScrvai», ica jeunes gens de toutes tes paroisses voisines se dispulatcul riionncur de soulever la grosse bannière à la procession ; durant la cérémonie on escortait le lourd étendard, le baz eu Tair, et à la première défaillance du porteur ou se ruait pour le remplacer. Les chose» se passaient rarement sans que s’ensuivît mort d’bomme. Il y a trente ans à peine qu’ou a pacifié, fnanu milUari, les ptU’dons de Saint-Servais. Sur l’usage du penn-bas, voy, encore le Pardon de Saini^ÉmiiiQn, dans lea jonn.

2. D’après M. Luzel, binioti serait dérivé de (outils}. Je oe vois pas plus de raisons pour récuser que pour admettre cette étymologie* Le mot