Page:Quevedo - Don Pablo de Segovie.djvu/10

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lui rendre plus pénibles les exercices du corps, aucun cavalier de son âge ne le surpassait dans les armes et dans la danse. Aimé de ses camarades, souvent ils le prenaient pour juge de leurs querelles, et presque toujours il parvenait à réconcilier les deux adversaires, en ménageant leur délicatesse et leur susceptibilité.

Jouissant d’une grande fortune et de la considération générale, il vivait heureux, quand une aventure singulière vint changer sa destinée. Un jour il vit dans une église, à Madrid, un cavalier qui maltraitait une femme. Il prit la défense de l’inconnue, et eut le malheur de tuer son adversaire, qui était également inconnu. C’était un grand seigneur. Craignant les poursuites de sa famille, Quevedo suivit, en Sicile, le duc d’Ossone, qui venait d’en être nommé vice-roi. La capacité qu’il montra pour les affaires lui mérita bientôt toute la confiance de son protecteur. Il fut chargé de l’inspection générale des finances dans la Sicile et dans le royaume de Naples, et il remplit cet emploi difficile avec une rare intégrité.

Ayant enfin obtenu sa grâce par le crédit du duc d’Ossone, il fut employé dans plusieurs négociations, dans différentes ambassades à la cour d’Espagne et près des papes, et il déploya partout beaucoup d’habileté, de prudence et de courage. Il se trouvait à Venise lors de la découverte de la conspiration de Bedmar ; mais il réussit à se dérober à toutes les recherches et revint en Espagne.

La disgrâce du duc d’Ossone ne pouvait manquer d’entraîner celle de son favori. Quevedo fut arrêté en