Page:Quevedo - Don Pablo de Segovie.djvu/11

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1620 et transporté dans sa terre de la Torre de Juan Abad, où on le retint prisonnier pendant trois ans et demi, sans vouloir lui permettre, pendant les deux premières années, de faire venir, de la ville voisine, un médecin pour lui donner les soins que réclamait sa santé. Son innocence fut enfin reconnue ; mais, ayant eu l’imprudence de réclamer le paiement des arrérages de ses pensions et en outre un dédommagement pour les maux qu’il avait soufferts, il fut exilé de nouveau.

Ce fut alors que, cherchant des consolations à ses peines dans la culture des lettres, dont ses occupations politiques l’avaient depuis longtemps détourné, il composa la plupart de ses poésies, qu’il publia sous le nom du bachelier de La Torre.

Ses ennemis se lassèrent à la fin de le persécuter ; il obtint la permission de revenir à la cour, et en 1632 il fut revêtu de la charge de secrétaire du roi ; mais il se contenta du titre, et refusa de rentrer dans les affaires, malgré les instances du duc d’Olivarès, qui lui proposa l’ambassade de Gênes. Éclairé par son expérience sur le néant des grandeurs, il avait résolu de se vouer sans partage à l’étude de la philosophie et à la culture des lettres. Ses ouvrages étendaient chaque jour sa réputation dans toute l’Europe ; il entretenait une correspondance suivie avec les hommes les plus savants de l’Italie et des Pays-Bas, et ses compatriotes eux-mêmes rendaient justice à son mérite.

Une fortune suffisante pour ses besoins s’était accrue de quelques bénéfices ecclésiastiques qui lui formaient